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Libération

Le Japon ne veut pas voir ses «karoshi».

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Les spécialistes contestent les 157 morts officiels du surmenage et parlent d'au moins 20 000.
publié le 5 juin 2006 à 21h41

Tokyo de notre correspondant

Chaque année, au mois de juin, c'est la même rengaine. 157 morts ou 32 000 ? La polémique ressurgit au Japon, empire de la performance et de la réussite à tout prix, sur le nombre de Japonais surmenés, qui littéralement, se sont «tués à la tâche» durant l'année écoulée. Phénomène peu visible et tabou, le karoshi («mort par excès de travail»), apparu au Japon dans les années 60, menace autant les ouvriers que les salary men, ces cols blancs de 40 ans et plus qui travaillent comme des brutes jusqu'à pas d'heure. Désoeuvré, l'Etat japonais ne sait comment enrayer cette épidémie. «Le nombre de victimes du karoshi est en augmentation. C'est un grave problème que nous devons surmonter», assure un directeur du service de la prévention et de la santé au ministère du Travail. Pour autant, jeudi, ce même ministère a surpris, une fois de plus, les spécialistes du sujet, en annonçant que 330 Japonais surmenés (dont 157 victimes de karoshi) étaient morts ou tombés gravement malades en 2005-2006. Le ministère a précisé que, durant la même période, 32 000 employés (tous secteurs confondus) s'étaient suicidés. Un bilan (et un record mondial) inférieur à 2004 (33 000 suicidés) mais, pour la huitième année consécutive, supérieur à 30 000 morts (trois fois le nombre de tués sur la route au Japon).

Suicidés. Pour nombre d'avocats, médecins et associations, ce bilan de 157 morts ne tient pas debout dans un pays où 37 % des actifs ne prennent pas de vacances. Et où 60 %