Bruxelles (UE) de notre correspondant
Les «faucons» du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) donnent de la voix. Jean-Claude Trichet, qui préside l'Institut de Francfort, a reconnu hier qu'une partie des banquiers centraux de la zone euro avait plaidé pour une hausse des taux d'intérêt de 50 points de base pour porter le Refi (1) à 3 %. Finalement, une «majorité du conseil» a décidé, lors de la réunion qui s'est tenue exceptionnellement à Madrid, hier, de limiter l'augmentation à 25 points, soit 2,75 % contre 2,5 % jusque-là. C'est le troisième tour de vis monétaire depuis décembre 2005 : après avoir maintenu son principal taux directeur à 2 % depuis le 5 juin 2003, la BCE a enclenché un cycle de hausses des taux (2,25 % le 1er décembre 2005, puis 2,50 % le 2 mars 2006).
Déficit en dérapage. Plusieurs éléments inquiètent les banquiers centraux. D'abord, comme l'a reconnu Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe (qui réunit les ministres des Finances de la zone euro), les Etats font des efforts insuffisants pour réduire leur déficit public alors même que la croissance se consolide. Les comptes publics italiens ont même gravement dérapé en 2006 : si rien n'est fait, le déficit atteindra 4,6 % à la fin de l'année. Le déficit français pourrait, lui, de nouveau franchir le plafond des 3 %. Or les robinets budgétaires et monétaires ne peuvent être grands ouverts en même temps, comme c'est le cas actuellement, au risque d'alimenter une spirale inflation