Si les gendarmes du Pas-de-Calais semblent fiers de leur prise «c'est sans doute la plus grosse affaire de ce genre en France», a déclaré au quotidien régional la Voix du Nord l'adjudant David Cassel en charge de l'enquête , le système utilisé par le site Utopi Board n'a pourtant rien de révolutionnaire. «Ce genre de forums semi-ouverts, que l'on appelait autrefois Warez, est presque aussi vieux que l'Internet, explique Guillaume Champeau, le fondateur de Radiatum.com, un webzine spécialisé dans les loisirs numériques. Ce sont des sites avec une vraie culture de hackers, à l'ancienne, mais qui deviennent de plus en plus poreux au fur et à mesure que le cercle s'agrandit.» Très utilisés avant l'arrivée des sites de peer-to-peer (P2P) comme Napster ou Kazaa, les «boards» ont été largement supplantés par le P2P, qui a démocratisé l'échange de fichiers en le rendant à la fois plus simple et plus automatisé. Avec une autre culture, celle du partage de ses propres contenus.
Face à la répression croissante contre la pratique du peer-to-peer, les réseaux «darknet», anonymisés et cryptés, constituent désormais la troisième génération du P2P. «Ils sont plus lents et moins conviviaux mais totalement opaques, poursuit Guillaume Champeau, ceux qui y participent ne savent pas avec qui ils échangent.» Cette balkanisation du P2P se traduit également par le développement de miniréseaux privés, parfois constitués de quelques internautes seulement . On s'y retrouve entre amis ou communautés