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Libération

«Tout le monde savait qu'on ne tiendrait pas les délais »

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Pour les salariés d'Airbus, la direction ne pouvait pas ignorer le problème.
publié le 17 juin 2006 à 21h28

Toulouse de notre correspondant

Toutes centrales confondues, les syndicalistes de la maison Airbus à Toulouse sont plongés depuis hier dans leurs cartons d'archives. A la recherche de PV officiels ou de simples notes manuscrites prises au cours des réunions du comité d'établissement durant le premier trimestre de cette année. «C'est une véritable enquête policière qui est menée», raconte un représentant du personnel. Les salariés du site se demandent si des documents n'ont jamais fait mention avant mars de retard possible dans les livraisons de l'A380. Le coprésident d'EADS Noël Forgeard assure que rien à ce moment-là, alors qu'il vendait ses actions, n'avait pu l'alerter sur des difficultés à tenir les délais... «Soit il raconte des blagues, soit son staff ne lui remontait aucune information. Moi, je n'aurais pas parié à la sortie de cet hiver qu'on serait dans les temps pour 2007», raconte cet ingénieur. Le sentiment à l'usine est que «tout le monde savait qu'on ne tiendrait pas les délais».

«On savait mais on ne voulait pas le dire», se désole un élu syndical anonyme. Les cadres et délégués CGT, FO, CFDT ou CGC acceptent de parler mais sans être cités. «C'est l'esprit Airbus. Les salariés ne diront jamais rien qui risque de nuire à la maison», admet ce syndicaliste qui doute même qu'une trace de ces craintes puisse être retrouvée. Même pas un tract. «Nous savons qu'un tract interne arrive très vite dans le public, donc dans la presse, reprend-il. Aucun syndicat n'aurait pri