Les actionnaires d'Arcelor ne sont pas contents. Mais alors pas contents du tout. Si bien que la direction du groupe luxembourgeois a annulé hier soir son AG extraordinaire, prévue demain, de peur de se prendre une déculottée en public. Le genre de pratique humiliante qui serait immédiatement utilisée par son assaillant, Mittal. C'est que dans la bataille boursière qui oppose les deux groupes sidérurgiques, cette AG du 21 juin était un rendez-vous crucial : Arcelor devait y faire voter un programme de rachat de ses propres actions (prononcez OPRA, pour offre publique de rachat d'actions) pour un montant de 6,5 milliards d'euros. Le genre de nouvelle qui provoque normalement des bonds de félicité chez l'actionnaire. Car moins d'actions en circulation signifie que le bénéfice par action distribuée devient plus important. D'où le bonheur. Alors pourquoi diable l'actionnaire d'Arcelor ferait-il la gueule ?
Bêtise. Pour comprendre, il faut juste remonter le feuilleton. Souvenez-vous : pour éviter de se faire croquer par Mittal, Arcelor décide d'offrir à ses actionnaires une grosse carotte (on parle à l'époque de 5 milliards d'euros) s'ils n'apportent pas leurs titres à Mittal. S'engage alors une partie de ping-pong : Mittal relève son offre de 35 %, puis Arcelor répond en allant chercher à son secours l'oligarque russe, Alexei Mordachov, propriétaire de l'empire sidérurgique Severstal. Le 26 mai, Guy Dollé annonce, fier comme Artaban, qu'avec son projet, Mordachov deviendra le pre