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Libération

«Je me sens mieux avec les gens de ma couleur»

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La directrice d'un salon de coiffure jugée pour discrimination à l'embauche.
publié le 23 juin 2006 à 21h33

Nantes de notre correspondant

La patronne du salon de coiffure préférerait qu'on retienne qu'elle «se sent plus à l'aise avec des personnes du coin». Pour ne pas s'entendre dire qu'elle est raciste et qu'elle a bel et bien refusé d'embaucher une employée titulaire d'un CAP de coiffure parce qu'elle était noire. Jugée en correctionnelle, elle hésite entre agacement et mauvaise foi.

Le 22 novembre dernier à Châteaubriant (Loire-Atlantique), Clairmise se présente au salon Actuelle coiffure. Elle est française d'origine haïtienne. La patronne, Huguette Rivaud, rétorque illico qu'elle ne cherche personne. Le lendemain, elle passe pourtant une annonce «à caractère urgent» à l'ANPE. Clairmise postule, lui rappelle au téléphone qu'elle est passée la veille. Du coup, la patronne du salon n'a plus besoin de personne, elle croule sous les CV. Mais elle sera vite confondue par un testing effectué par une amie de la jeune coiffeuse éconduite. L'amie n'est pas coiffeuse, elle bluffe sur un CV identique à celui de Clairmise, se donne un nom bien français et obtient aussitôt un rendez-vous. L'ANPE conseille à la chômeuse noire de porter plainte pour discrimination. Direction du travail, gendarmerie, magistrats, tout le monde prend l'affaire au sérieux. En garde à vue, la patronne craque : «Ç'aurait posé des problèmes avec ma clientèle rurale. Je me sens mieux avec les gens de ma couleur. Je m'y suis peut-être mal prise pour refuser cette candidature.» A la question : «Etes-vous raciste ?», Hu