Tribunal des prud'hommes de Paris, salle des référés
Son tee-shirt bleu mer du Sud donne des couleurs à la salle des référés. Son accent portugais lui ajoute un peu de chaleur. Marie avance à la barre avec son fils, un peu désorientée. Lui annonce tout de go : «Je l'accompagne parce qu'elle ne sait pas bien parler français.» Lui aussi a ce petit accent rocailleux. Dès l'appel des affaires, il s'est manifesté. C'est un fils qui protège sa mère. Comme il n'a pas de mandat officiel, le président refuse sa participation à l'audience. «Elle parle un peu quand même ? Elle se débrouille ?» Marie répond avec difficulté. «Bon, alors restez là quand même, au cas où», ordonne le président au fiston.
Marie était femme de ménage chez des particuliers, employée par l'épouse. Or, c'est le mari qu'elle poursuit. «Il y a un problème», remarque le deuxième juge. «Ce n'est pas la bonne personne que vous attaquez, madame.» «Il n'y a pas conflit dans le couple ?» s'interroge le président. «Comment avez-vous pu vous tromper ?» «C'est pas moi, c'est l'écrivain public», répond Marie. «Il va falloir changer d'écrivain public alors», plaisante le président. L'avocate accepte de représenter l'épouse, l'affaire est retenue. «Vous avez été embauchée quand, madame ?» Marie ne comprend pas, son fils traduit. Elle est entrée au service du couple le 14 juin 2005. Le 5 janvier, elle était licenciée. «On m'a dit : "Ça suffit comme ça", et je suis partie.» L'avocate de la défense explique que Marie n'a pas été l