«La boîte de fabrication de batteries industrielles où je travaillais est le plus gros employeur dans la région. Aujourd'hui, je me demande si tous mes problèmes ne sont pas liés à ce statut. Il y a trois ans, nous avons été rachetés par un groupe américain. Responsable des ressources humaines et directeur ont changé. Quand nous avons vu les nouveaux, nous nous sommes dit qu'ils venaient faire la lessive. Des menaces de délocalisation en Chine, Pologne et même au Mexique se faisaient sentir. La direction a bien su en jouer.
Fin septembre, les élections des représentants du personnel ont été organisées. La CGT détenait déjà le premier collège, et pour que l'on fasse main basse sur le comité d'entreprise, des camarades nous ont demandé, à un collègue et à moi, de nous présenter au collège des agents de maîtrise. C'est là que tout a dérapé. La direction a trouvé une excuse bidon pour nous licencier: l'abandon de poste. Alors que, le jour en question, nous étions tous les deux au bureau à plancher sur un audit du service dont le compte rendu devait être rédigé pour le lendemain. Abandon de poste, ça veut dire qu'on n'est pas à l'usine, qu'on est au bistrot ou ailleurs ; or, nous étions dans les locaux et on bossait dur. «Un ami» de trente ans nous a dénoncés.
A l'entretien préalable au licenciement, nous avons été assistés par un délégué syndical... licencié quinze jours après. Pendant dix jours, nous avons bloqué l'usine pour protester, mais rien n'y a fait. Nous venons de plaide