Des employés font le pied de grue devant le magasin pour dénoncer leurs conditions de travail pendant que d'autres, des intérimaires ou même une comptable «polyvalente», les remplacent au pied levé. Difficile, depuis samedi après-midi, de faire ses courses au Monoprix de la rue du Faubourg-Saint-Antoine (Paris 11e). Difficile, parce qu'une quarantaine de salariés dissuadent les clients d'entrer. Encore plus difficile quand on connaît les raisons de leur grève. Tout y passe : harcèlement moral, discrimination raciale, mais aussi précarité et non paiement des heures supplémentaires.
«Pétasse». D'ordinaire, le flot des clients fait tourner les caissières en bourrique, là elles se tournent un peu les pouces, faute d'acheteurs. Les grévistes se félicitent du soutien d'un grand nombre de passants et savent que lundi le magasin a perdu pas loin des deux tiers de son chiffre d'affaires. L'ambiance est plutôt bon enfant mais les mots sont durs. Yamina Bekhtaoui raconte : «J'ai demandé quatre fois par écrit à faire une formation de chef de caisse. Le directeur me l'a toujours refusée, sans dire pourquoi. Pourtant, en septembre dernier, quand la chef de caisse n'était pas là, qui l'a remplacée ? Moi. Et sans aucune prime bien sûr.»
Visiblement très éprouvée par son travail, Diane Lakhal ne veut plus accepter les insultes. Elle se rappelle ce que lui avait lancé une de ses responsables devant les clients : «Ferme ta gueule avant de fermer ta caisse et monte en pause, sale pétasse.» Elle e