Pierre Gadonneix, le patron d'EDF, va-t-il réussir la prouesse politique de marier Pierre Méhaignerie (UMP) avec Henri Emmanuelli (PS) ? On savait depuis quelques semaines les deux députés particulièrement agacés par la hausse des tarifs d'électricité pratiqués par l'ex-monopole public. En avril, à la suite de l'audition de Pierre Gadonneix par la commission des finances de l'Assemblée nationale, ils avaient déjà publié un communiqué commun. «Une première en vingt-six ans d'Assemblée nationale», assure Henri Emmanuelli. Quelques semaines plus tard, le sarkoziste Pierre Méhaignerie avait menacé de déposer un projet de loi avec son nouvel ami socialiste si EDF continuait de pratiquer ses hausses de tarif. Hier, les deux députés étaient remontés comme des coucous. Méhaignerie : «EDF impose des conditions léonines aux industriels.» Emmanuelli : «Monsieur Gadonneix fait de la provocation.» Pourquoi un tel coup de chaud ?
Rêve. La veille, le patron d'EDF a eu la maladresse de confesser un rêve à quelques journalistes : que les tarifs d'électricité réglementés par les pouvoirs publics puissent augmenter au rythme de l'inflation chaque année pour se rapprocher des prix du marché. Car, depuis l'ouverture du marché européen de l'électricité, deux prix coexistent : un prix régulé (fixé par le gouvernement) et un prix libre. Or le prix de marché (y compris ceux pratiqués par EDF) est aujourd'hui environ 40 % au-dessus du prix régulé. En clair, les industriels qui ont choisi de goûter aux