Douze jours ouvrables payés sans travailler. L'été 1936, le droit au repos s'allonge et le temps libre fait un bond en avant. Pour les salariés français, c'est comme un cadeau de Léon Blum et de son Front populaire, arrivés au pouvoir quelques semaines plus tôt (Libération du 20 juin). Le «paquet» des accords de Matignon comprend des hausses de salaire, la semaine de 40 heures et deux semaines de vacances. Mais qu'ont-ils fait de leurs premières vacances ? Soixante-dix ans plus tard, Henriette Duval, «une petite couturière de quartier», le dit comme ça : «Tout le monde est monté sur son vélo et on est partis à droite ou à gauche.» Se baigner dans les rivières. Aller à la pêche. Cultiver un bout de jardin. Souffler, simplement. Bien sûr, des dizaines de milliers de Français ont pu partir à la mer ou à la montagne, grâce aux billets à tarif réduit, les «billets populaires de congé annuel». Léo Lagrange, sous-secrétaire d'Etat aux Sports et aux Loisirs de Blum, alias «le ministre de la Paresse», a négocié 40 % de réduction pour 558 000 billets. Mais encore faut-il débourser le reste, et surtout, si l'on n'a pas de famille sur place, payer l'hébergement. Pour les plus modestes, c'est souvent trop. «Ce sont les Parisiens qui ont profité des premiers congés», se souvient Jean Besnard, 84 ans. L'été 1936, il n'a que 14 ans, son père conduit les trains sur la ligne Le Mans-Brest. «Cette année-là, mon père n'a pris aucun congé. Il était mobilisé tous le
36 au soleil
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par Judith RUEFF
publié le 3 juillet 2006 à 21h49
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