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Libération

«Un mouvement de folie»

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Georges Gérardin est né en 1922. A 14 ans, il a vécu les congés payés à Hautmont (Nord), alors qu'il était encore écolier.
publié le 3 juillet 2006 à 21h49

«Les congés payés sont arrivés après une grève très intense dans la région. C'était assez animé, toutes les usines étaient arrêtées. Plus personne ne travaillait. Il y avait bien des jaunes qui voulaient entrer, mais les ouvriers grévistes ne les laissaient pas passer. Il n'y a pas eu de heurts à Hautmont mais dans la ville juste à côté, à Louvroil, où ils ont envoyé les gardes mobiles. Là-bas, l'ambiance était un peu insurrectionnelle. Mais il y avait une grande solidarité entre les ouvriers. On s'entraidait, on passait avec une charrette pour récupérer les légumes dans les jardins et les femmes faisaient la soupe et la distribuaient. C'était l'époque de la soupe populaire.

«Mon père était ouvrier à l'aciérie La Providence, il était secrétaire syndical CGT, un syndicaliste très actif, ma mère tenait un cabaret, comme on disait à l'époque, pour les travailleurs et moi j'étais encore écolier, j'avais eu la chance de continuer après le certificat d'études. Mais, ça ne m'a pas empêché de suivre les événements de près. Quand les congés sont arrivés, à la fin du mois d'août, l'école était terminée depuis quelques semaines car les vacances pour les enfants ne tombaient pas comme celles de maintenant. D'ailleurs, les gamins qui, après leur certificat d'études, entraient à l'usine, y allaient sans semaine de repos, directement, et se formaient dans l'usine.

«Le dernier jour de travail, juste avant les congés, à 18 heures, je me souviens que toutes les usines ont arrêté la production,