Eurotunnel va-t-il devenir une entreprise normale, débarrassée du poids de son énorme dette (9 milliards d'euros), ou va-t-elle se retrouver au tribunal de commerce ? C'est l'enjeu des dernières négociations, très tendues, entre la société concessionnaire du tunnel sous la Manche et une partie de ses créanciers. L'issue devrait être rapide. Le 27 juillet, les actionnaires sont convoqués pour avaliser le plan de réduction de la dette proposé par Jacques Gounon, le PDG d'Eurotunnel. En cas de vote négatif, Gounon a prévenu qu'il n'aurait d'autre choix que de déposer le bilan.
«Diversion». Là où la situation se corse, c'est que ce plan n'a reçu l'aval que d'une partie des créanciers. Les détenteurs d'obligations, qui représentent un tiers de la dette, font de la résistance. Mieux, représentés par l'association Arco, présidée par Jean-Pierre Mattéi, ex-président du tribunal de commerce de Paris, et conseillés par la banque d'affaires Close Brothers, ils ont élaboré ces derniers jours un «plan alternatif» pour restructurer la dette, prévoyant une augmentation de capital, pour «assurer le développement» d'Eurotunnel. Depuis, les deux parties s'envoient des noms d'oiseau. «On ne sait même pas qui monsieur Mattéi représente vraiment, indique une porte-parole d'Eurotunnel. Nous ne l'avons jamais rencontré et n'avons jamais vu de mandat. Nous avons invité l'Arco et Close Brothers pour discuter, mais ils ne viennent pas à nos rendez-vous et font diversion en fais