Le nouveau passeport biométrique, réputé infalsifiable avec sa puce électronique contenant l'état civil de son titulaire, mène à tout. Y compris à d'étranges amendements. Des députés viennent de cosigner une proposition de loi visant à mettre fin au monopole de fabrication de l'Imprimerie nationale, société publique contrôlée à 100 % par l'Etat. Ces élus sont d'inspiration libérale, et c'est leur droit d'écrire que «remplir des passeports n'est pas une activité régalienne», que «le monopole apparaît dépassé et isole notre pays».
Mais nos éminents parlementaires trahissent le sens de leur initiative en soulignant qu'une «société privée de droit français réalise déjà des passeports pour des pays étrangers» : la société Oberthur, avec laquelle les signataires ont un lien particulier. Pierre Méhaignerie, président UMP de la Commission des finances à l'Assemblée, accueille en sa bonne ville de Vitré (Ille-et-Vilaine) une usine de fabrication de cartes à puce d'Oberthur ; Philippe Rouault est un autre député UMP d'Ille-et-Vilaine ; Bernard Debré, député apparenté UMP de Paris, a une fille prénommée Claire, ex-salariée d'Oberthur «elle travaille depuis deux ans exclusivement pour son père», précise son entourage ; Charles de Courson, député UDF de la Marne, connaît personnellement le directeur de l'Imprimerie nationale, lui-même ancien conseiller du président d'Oberthur...
Consultation restreinte. La loi est contraire aux dessins d'Oberthur ? Changeons