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Libération
Interview

«On réclame 33 milliards de dollars, la valeur de ses actifs expropriés»

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publié le 14 juillet 2006 à 21h58

Avocat chez Shearman & Sterling, Emmanuel Gaillard, représente les intérêts de GML, entreprise basée à Gibraltar qui regroupe les actionnaires majoritaires de Ioukos. Il a engagé contre la fédération de Russie, la plus importante procédure arbitrale jamais intentée contre un Etat.

L'introduction en Bourse (IPO) de Rosneft, dont le principal actif, Iouganskneftegaz, a été subtilisé à Ioukos a des allures de scandale financier ?

D'un point de vue moral, il y aurait beaucoup à dire, puisque la valorisation de Rosneft repose, principalement, sur sa filiale, Iouganskneftegaz, confisquée à Ioukos en décembre 2004 de manière discriminatoire. En revanche, on ne peut pas reprocher à l'opération son manque de transparence, car Rosneft a, dans son prospectus d'introduction en Bourse, été très clair sur les risques juridiques de cette opération.

Certains investisseurs, comme George Soros, cherchent à empêcher cette IPO. Mais pas vous ?

Il y a, bien sûr, un côté choquant à cette introduction en Bourse, mais les actionnaires de Ioukos ne peuvent que se réjouir de son succès. Car la valorisation par le marché de Iouganskneftegaz, l'ex-filiale de Ioukos, fait ressortir un montant se situant entre 30 et 40 milliards de dollars, alors que Rosneft l'a racheté pour 9,3 milliards d'euros à l'occasion d'enchères truquées. Cette introduction en Bourse de Rosneft prouve bien que les actionnaires de Ioukos ont été dépossédés par le Kremlin d'un actif d'une grande valeur.

Pourquoi attaquer devant un tribu