Moscou de notre correspondante
«Stabilité», «technologie», «responsabilité», «professionnalisme»... Dans les plus de 20 000 agences de la Sberbank, la plus grande banque publique de Russie, brochures et affiches ont fait une large publicité à l'introduction en Bourse de Rosneft prévue aujourd'hui à Moscou et mercredi prochain à Londres. «Pour la première fois dans l'histoire de la Russie [...], toute la population aura la possibilité d'accéder aux actions d'une compagnie publique», a promis Sergueï Bogdantchikov, le patron de cette compagnie, devenue troisième pétrolier russe après s'être emparée en décembre 2004 du principal actif de Ioukos, Iouganskneftegaz.
Sans enthousiasme. Parmi les flots de clients qui entrent et sortent des agences Sberbank, généralement pour toucher salaires ou retraites, rares sont pourtant ceux qui se disent intéressés par cette introduction en Bourse (IPO). «Pour gagner de l'argent avec des actions, il faut beaucoup d'actions», remarque assez justement Sergueï, ingénieur de 29 ans, qui confie avoir tout juste de quoi élever ses deux enfants avec son salaire de 1 000 dollars par mois. «Si j'avais de l'argent, je le placerais plutôt à l'étranger, avoue aussi ce jeune père de famille. On a suffisamment fait l'expérience en Russie des privatisations biaisées et des petits épargnants spoliés, sans que jamais l'Etat n'indemnise correctement ses citoyens. Si cette fois encore ça se passe mal avec Rosneft, qui indemnisera