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Libération

«Ça ne peut pas durer comme ça»

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publié le 19 juillet 2006 à 22h01

Economiste à BNP Paribas, spécialiste de l'Asie du Nord, Nhu Nguyen Ngo décrypte les chiffres de la croissance chinoise.

Vous vous inquiétez de la qualité de la croissance chinoise. Pourquoi ?

Parce que l'économie chinoise est tirée essentiellement par deux moteurs : les exportations et l'investissement, étranger et local. Or dans plusieurs secteurs comme la sidérurgie, l'aluminium ou l'industrie automobile, on assiste déjà à des surcapacités de production importantes. Il suffirait que la demande mondiale, et notamment américaine, ralentisse un peu pour mettre en difficulté des pans entiers de l'économie.

Pourquoi la consommation chinoise n'arrive pas à prendre le relais de cette croissance ?

C'est parce que l'effort d'investissement a été beaucoup plus important que la progression de la consommation des ménages. Si bien que la part de la consommation privée dans le PIB a baissé en dix ans : elle est passée de 51 % en 1995 à 41 % aujourd'hui. Aujourd'hui, la classe moyenne chinoise compte entre 200 et 300 millions de personnes. C'est à la fois énorme et encore peu relativement au regard du 1,4 milliard de Chinois.

Est-ce que cela signifie que la croissance chinoise ne parvient pas à réduire la pauvreté ?

Non. Si l'on retient le critère officiel fondé sur un apport énergétique minimum, le nombre de pauvres serait passé de 260 millions de personnes en 1978 à 85 millions dans les années 90 et à 28 millions en 2003. Même si les estimations de la Banque mondiale sont deux fois plus éle