On lui demande ce que c'est d'être intérimaire. «On a l'impression de rester sur place, de patauger dans la gadoue, d'être un moins que rien.» Pas de perspective de carrière en vue, mais des problèmes financiers. Avec ses CDD et contrats d'intérim accumulés, Nicolas (1), 24 ans, n'a toujours pas changé sa voiture, celle qu'il a eue à ses 18 ans. Il vit chez ses parents. Mais c'est aussi un peu plus compliqué que ça : finalement, Nicolas est content de ne pas avoir eu de CDI à Peugeot Citroën, où il effectue sa première mission d'intérim depuis quelques mois. Sur la chaîne. «J'ai du mal à dire les choses, à vous expliquer ce que je fais. En ce moment, j'essaie justement de ne pas trop y penser. Sinon, c'est trop dur.» La pause toilette qu'il faut demander au régleur pour être remplacé sans ralentir la cadence, les blagues des collègues «qui ne vous plaisent pas» mais que vous subissez... «Je fais tout le temps le même truc. Tout le temps, toute la journée.»
«Dommages et intérêts». Fin avril, chez Peugeot Citroën, ils étaient 4 400 intérimaires comme lui, concentrés sur les chaînes de montage, sur les 100 000 salariés de la division automobile. Beaucoup trop, selon la CGT qui assignait le groupe, hier, devant le tribunal de grande instance de Versailles. Le syndicat demande aux juges d'interdire au groupe automobile de recourir au travail temporaire pour un surcroît d'activité lié au lancement de nouveaux véhicules. Ce n'est pas la première fois que