Séquence cryogénisation. Les 149 pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ont approuvé hier le gel de cinq années de négociations du cycle de Doha, censé rééquilibrer un système en faveur des pays pauvres. Pour Libération, Pascal Lamy, directeur général de l'OMC, tente d'en tirer les leçons.
Vous nous confiiez, il y a huit mois : «La vraie question est de savoir si nous terminerons en 2006 la négociation lancée à Doha en 2001. En cas d'échec, il faudra en tirer les conclusions.» Alors ?
On n'arrête pas les horloges : on ne bouclera pas le cycle avant fin 2006. Que les négociateurs utilisent cette période utile de suspension pour réfléchir et prendre du recul. Pour porter une vision d'ensemble, pas seulement quelques réductions supplémentaires sur les tarifs ou les subventions...
... une vision d'ensemble, c'est quoi ?
L'OMC en tant que système, en tant que bien public mondial. C'est aussi ce qu'il y a déjà sur la table, y compris dans d'autres domaines (environnement, services, antidumping), et c'est le coût politique d'un échec durable, comparé au coût économique d'un compromis, qui se solde pour les Etats-Unis et l'Europe à quelques milliards de dollars.
Ce sont des calculs d'apothicaires, finalement, pour un cycle devant être celui des pays du Sud ?
Oui. Ce temps mort doit justement permettre de remettre en perspective la négociation autour du développement.