Arcachon envoyé spécial
Il paraît que le travail est moins pénible au soleil. Les saisonniers du tourisme font semblant d'y croire, le temps d'un été. Puisque bien souvent ils ne considèrent pas leur boulot comme un «vrai travail», beaucoup sont prêts à trimer pendant quelques mois et à s'aventurer aux limites de la légalité pour quelques sous de plus, au risque de se faire plumer. Pas besoin d'aller tout au bout de la terre pour trouver le pays merveilleux des contrats de travail non signés, des heures supplémentaires jamais payées, des entourloupes à ce petit jeu-là, les stations balnéaires sont de vrais paradis.
Dans le bassin d'Arcachon, 6 000 personnes sont embauchées l'été (20 % de l'emploi), dont moins de 1 000 sont des professionnels de l'hôtellerie. Nathalie (1), étudiante en espagnol à la fac de Bordeaux, est limonadière dans un grand restaurant du littoral. Elle s'active auprès des clients jamais deux minutes de répit avec sourire et application. Au printemps, cette étudiante en espagnol soutenait mordicus la lutte contre le CPE. Cet été, sa journée commence à 15 heures pour se terminer à 23 heures A moins que ce ne soit une heure du matin, ou plus tard encore, si les derniers clients lambinent. Jamais payée en heures supplémentaires, Nathalie est «presque certaine que ce n'est pas légal». Qu'importe. «La saison, ce n'est pas quelque chose de stable, on est là pour galérer.» Embauchée depuis le mois d'avril, elle a bien jeté un coup d'oeil à sa p