Comme une lettre à la poste. Il a fallu moins d’un quart d’heure, mercredi après-midi, à l’audience du tribunal de commerce de Paris pour que la présidente accorde à Eurotunnel le bénéficie de la procédure juridique de la clause de sauvegarde. Elle permet pendant les six mois qui viennent à l’exploitant du tunnel sous la Manche de geler ses créances et le paiement des intérêts de sa dette abyssale de 9 milliards d’euros tout en continuant de fonctionner normalement et de poursuivre la renégociation. Cette période de 6 mois est renouvelable deux fois au terme de la loi Perben de 2005.
A la fin de l'audience, tout le monde avait l'air content. Jacques Gounon, le PDG d'Eurotunnel, a exprimé sa «satisfaction» et son «espoir». Il croit également savoir que «les négociations devraient déboucher assez vite sur une proposition satisfaisante». Pourtant, une réunion tenue ce matin avec les créanciers-banquiers de la société, avant l'audience du Tribunal de commerce, n'a guère permis d'avancer: la Deutsche Bank, qui détient 25% des créances totales et bloque les discussions, n'a pas donné l'impression de changer d'attitude. «Ils y viendront quand même», prévoit un porte-parole de l'Arco, qui représente les obligataires d'Eurotunnel et croit désormais à «une solution équilibrée pour toutes les parties».
Même Joseph Gouranton, le patron de l'Adacte, qui représente une partie des 800000 petits actionnaires d'Eurotunnel, avait remisé ses attaques