L'Etat ne mettra pas un sou, avait dit Margaret Thatcher. C'était pour le Premier ministre anglais de l'époque la condition sine qua non au lancement du tunnel sous la Manche. La dame de fer l'a emporté : la construction et l'exploitation de l'ouvrage relèvent donc exclusivement du privé, quand bien même ce projet naît d'une volonté publique. L'affaire est d'ailleurs scellée par un traité (Canterbury), le 12 février 1986 entre François Mitterrand et Margaret Thatcher. Quelques mois plus tard, le 13 août, la société franco-britannique Eurotunnel est créée.
Pool de banques. C'est la concessionnaire du tunnel qui perçoit les péages des compagnies ferroviaires utilisatrices et exploite même directement les navettes de fret et de passagers. Un pool de banques est constitué pour un prêt de 7,62 milliards d'euros. C'était en 1987. Depuis, les banques n'ont cessé de «diriger» Eurotunnel, car ses ennuis financiers ont commencé bien avant le début de l'exploitation du lien fixe, le 6 mai 1994. Tout est parti d'une mauvaise estimation des délais et des coûts de construction, et de quelques oublis, qu'il a fallu rattraper, dans le domaine de la sécurité. Résultat : la facture initiale qui devait être de 6,6 milliards d'euros est passée à 16 milliards. Avec des frais financiers toujours plus lourds en dépit des initiatives répétées (et sans succès) pour en diminuer le poids. Les recettes, elles, ont été largement surestimées. Car, si l'exploitation est bénéficiaire, elle ne suffit pas à c