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Interview

Etats-Unis :«Pas encore le scénario catastrophe»

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publié le 9 août 2006 à 22h54

Statu quo. La Réserve fédérale américaine (Fed) a décidé, hier soir, de laisser inchangé son principal taux, à 5,25 %. Elle marque ainsi une pause après 17 resserrements monétaires depuis juin 2004, «même si les risques d'inflation demeurent». La Fed table sur «une décélération graduelle de l'immobilier». Entretien avec Christian de Boissieu, professeur à l'université Paris-I.

L'économie américaine se retrouve-t-elle au bord de la crise de nerfs ?

Non, on n'en est pas encore à un scénario-catastrophe, mais un point de bifurcation vers un atterrissage plutôt en douceur. Même si, dans la vie, les choses ne se passent pas toujours en douceur... La croissance au premier trimestre pointait à 5,6 % ; elle est descendue à 2,5 % au deuxième. C'est le yo-yo habituel : la croissance annuelle avoisinera les 3 %. Ce qui est loin d'être catastrophique.

Sauf que la bulle immobilière donne, elle, des signes d'implosion ?

S'il y a un secteur sensible à la hausse des taux d'intérêt, c'est bien l'immobilier. Il a soutenu l'expansion américaine et permis de digérer l'explosion de la bulle Internet. Les ménages ont tenté de récupérer dans la pierre ce qu'ils ont perdu dans les valeurs du Net. De quoi alimenter leur consommation, jusqu'à un taux d'épargne négatif. Mais il y avait, jusque-là, une sorte de cercle vertueux d'«effet de richesse» : la valeur des biens immobiliers a poussé les propriétaires à multiplier les hypothèques rechargeables pour consommer davantage. Et alimenter la