Impossible d'échapper au télescopage des chiffres. British Petroleum (BP) a engrangé 12,9 milliards de dollars de bénéfices au premier semestre 2006 ; en mars, 1 million de litres de brut se déversaient par une faille de l'oléoduc de Prudhoe Bay, en Alaska, mal entretenu. Une nouvelle fuite, plus petite, a conduit la compagnie pétrolière à interrompre sa production dimanche dernier (celle de la partie occidentale du champ est encore autorisée). Rien de bien nouveau sous le soleil et la neige d'Alaska. Dès 1999, des employés locaux de BP soulignaient (dans un courrier que s'est procuré l'AFP) que «les réductions d'effectifs alors en cours auraient des conséquences en matière de sécurité». Explorer les canalisations grâce à des robots coûte cher jusqu'à 6 000 dollars le kilomètre , et les pertes financières dues aux fuites ne pèsent pas suffisamment pour justifier, aux yeux des compagnies, des travaux de maintenance systématiques.
Poreux. Consultant pétrolier, Stéphane Sainson écrit actuellement un ouvrage sur l'auscultation des pipelines. Il se souvient avoir vu un oléoduc poreux en Corée et ne s'étonne pas outre mesure des fuites. «Chez les exploitants, c'est un peu la jungle, ils vont au meilleur prix», assure-t-il avant de préciser : «Bien sûr, les compagnies ont une épée de Damoclès au-dessus de la tête parce que remplacer des portions de pipe coûte des millions. Sur les petits champs de production, ceux dont l'exploitation ne sera pas longue, les inves