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Libération

Les coursiers sur la voie loyale

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publié le 16 août 2006 à 22h57

Vous voulez des anecdotes ? Il en connaît long comme son bras tatoué. «Un jour, le patron d'une boîte de courses est parti au ski. C'était la fin du mois, il a posé un seul chèque sur la table pour régler les paies de cinq salariés. Et il a dit : "Un de vous l'encaissera, et il paiera les quatre autres."» Ça fait vingt ans que Brahms ­ c'est son surnom, il y tient ­ est coursier. «Entre le règlement intérieur et la réalité, ça n'a rien à voir», dit-il. Un constat confirmé par François Thomas, de la CGT coursier, qui accompagne une dizaine de dossiers aux prud'hommes : heures supplémentaires non payées, coursiers poussés à la démission... Née il y a près de trente ans, la profession (15 000 coursiers en France, et 1 200 à 1 500 entreprises) a du mal à se réguler. En décembre pourtant, cinq syndicats de salariés et le Syndicat national des transports légers (SNTL) ont signé un accord fixant de nouvelles règles sociales, qui devrait être applicable à la fin de l'année.

Le métier de coursier y est pour la première fois défini. «Avant, la profession était un no man's land, reconnaît Jean-Luc Bourdil, président du SNTL. Nous avons voulu clarifier les règles pour éviter le travail au noir et la concurrence déloyale. 70 % du prix de revient d'une course, c'est le coût social. Certains employeurs "oubliaient" de déclarer leurs charges à l'Urssaf. Tout de suite, ils devenaient plus compétitifs que ceux qui respectaient les règles.» Les entreprises auront dés