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Libération
Saint-Bernard 10 ans

Foyer d'adoption

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Françoise Inspektor et Mahamadou Dahara, elle est française, prof et chanteuse, lui vient du Mali et a été régularisé en 1997. Ensemble, ils ont eu une fille, Myriam, avant de se séparer.
publié le 23 août 2006 à 23h01

Ils se chamaillent sans cesse. Comme les amants qu'ils furent et les amis, les complices qu'ils sont. «J'en veux beaucoup à ce système qui oblige les hommes, comme Mahamadou, à trimer en France, pour faire vivre la famille au pays !» dit Françoise ; «tais-toi, Françoise, ça c'est mon histoire !» râle Mahamadou. «C'est aussi la mienne, puisque c'est la nôtre !» rappelle Françoise.

Ils se sont connus au «32», l'immeuble de la rue du Faubourg-Poissonnière à Paris, occupé par les Saint-Bernard après l'évacuation de l'Eglise. «On s'est tout de suite plu», dit Françoise. «On n'a pas tardé à sortir ensemble», approuve Mahamadou. Françoise n'est pas une militante, même si elle était plutôt engagée au lycée.

Prof d'anglais et chanteuse par passion, elle voit aux infos monter le mouvement des sans-papiers. Elle y va et y reste, happée «par cette lutte, cette dignité, qui avaient quelque chose de noble. Je suis juive, mes grands-parents ont été déportés, l'injustice et la misère m'ont toujours révoltée. L'immigration africaine, ces gens qui meurent sur les plages, tout cela est un horrible résumé des relations entre le Nord et le Sud».

Au «32», elle prend son tour aux permanences juridiques, vogue entre arrestations et audiences. Mahamadou, lui, est arrivé dans le mouvement en mars 1996, «un peu par hasard», envoyé là par le président de son club de foot. Avec ses camarades, il a été expulsé de l'église Saint-Ambroise et du gy