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Libération

Les photographes n'encadrent plus Mickey

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En grève depuis deux semaines, ces salariés d'Euro Disney exigent une hausse de salaire. Sans résultat.
publié le 26 août 2006 à 23h07

Après bientôt quatre ans à photographier Blanche-Neige claquant la bise à des nains accompagnés de leurs parents, Stéphane Viret a été augmenté de 32 euros. Il gagne 1 436 euros brut par mois, dont 10 % de droits d'auteur. A 45 ans, il trouve que c'est peu et s'est mis en grève, avec une vingtaine de collègues, pour obtenir autour de 200 euros d'augmentation. Près de deux semaines plus tard, ils n'ont reçu de la direction qu'une lettre les menaçant de «sanctions» s'ils continuaient à défiler tous les jours avec leurs banderoles avant la grande parade des Pluto et Minnie. Les grévistes ont refusé d'obtempérer. Habillés de noir, ils continuent leur mouvement, distribuent des tracts aux touristes et campent tous les matins à l'entrée du plus grand parc d'attractions d'Europe, à Marne-la-Vallée.

«On nous impose des objectifs de productivité toujours plus élevés, raconte Stéphane Viret. Avant, on faisait une ou deux photos par client, maintenant, c'est quatre minimum, cinq ou six en général. Ils nous demandent de faire des "reportages" pour vendre un maximum de clichés aux touristes.» Huit heures par jour, les 40 photographes d'Euro Disney (32 sont en CDI, 8 en CDD) pressent le bouton «dans la norme Disney, avec toujours les mêmes cadrages». Les grévistes se sont amusés à faire le calcul : à 6 000 clichés par mois, ils touchent 2 centimes par photo (vendue 14 euros au chaland émerveillé). Ce rythme stakhanoviste ne remplit pas plus le porte-monnaie, exp