Si l'appétit pour l'accès à l'énergie est planétaire, ces soubresauts sont la plupart du temps régionaux et restent souvent sans écho. Les récits se multiplient où s'opposent intérêts commerciaux nationaux ou internationaux et droits des populations locales, respect de l'environnement et impératifs de développement. Cette histoire-là se passe au nord de Dacca, à 350 kilomètres de la capitale du Bangladesh. A Phulbari, dans le district de Dinajpur. «Chaque samedi depuis quatorze mois, un comité de paysans, le Phulbari Rashka, prend la rue pacifiquement, raconte Philip Grain, de l'ONG Society for Environment and Human Development, basée à Dacca. Ils arborent des pancartes écrites à la main, lancent des slogans contre la dépossession de leur terre. Ils disent : "Nous ne voulons pas de mine de charbon à ciel ouvert qui va polluer nos rivières, détruire notre biodiversité, ruiner nos sites archéologiques."» Ils dénoncent le projet d'une houillère britannique, Asia Energy, qui entraînera, selon l'ONG, le déplacement de 40 000 personnes.
Barricades. A fil des semaines, la lutte des communautés locales s'est régionalisée, puis nationalisée. A l'appel d'une coalition (National Committee to Protect Oil, Gas, Power, Port and Mineral Resources), ils étaient près de 50 000 manifestants, samedi. Mais la manifestation, sur fond de blocage de ponts et d'occupation de rues, s'est mal terminée. Les forces de l'ordre ont tiré sur la foule rassemblée devant les bureaux d'Asia Ener