En se rendant hier matin à la cérémonie organisée par les syndicats allemands en l'honneur de trente ans de cogestion, Angela Merkel a surtout cherché à rassurer : «La cogestion est un élément essentiel de notre économie sociale de marché. Mais elle doit être adaptée à la concurrence européenne et internationale», a insisté la chancelière face à un parterre de syndicalistes. Mise en place en 2005, une commission constituée de représentants du patronat et des syndicats travaille depuis des mois à une réforme de ce système de gestion paritaire. Accusé de ralentir les processus de décision par le patronat allemand, il est également montré du doigt par certains investisseurs étrangers. Lors de la fusion Sanofi-Aventis, le siège de l'entreprise avait ainsi traversé le Rhin, s'installant à Strasbourg, pour «échapper à la cogestion».
Profondément ancrée dans les mentalités outre-Rhin, la cogestion à l'allemande remonte à l'après-guerre, à l'époque où les Alliés voulaient éviter de voir se développer un capitalisme trop puissant en Allemagne. Le fonctionnement actuel prévoit que les sociétés de capitaux (les entreprises familiales ne sont donc pas concernées) disposent d'un conseil de surveillance, doté de pouvoirs très importants : il nomme les membres du directoire et doit valider toute décision stratégique, notamment en cas de restructuration. Les représentants des salariés détiennent un tiers des sièges du conseil de surveillance dans les entreprises de 500 à 2 000