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Interview

Pour la Cnuced, le Sud a besoin de stimulation étatique

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publié le 1er septembre 2006 à 23h08

Les pays pauvres n'ont pas la souplesse politique nécessaire pour se développer. C'est la thèse du rapport 2006 de la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement). Entretien avec Detlef Kotte, responsable du département mondialisation et stratégies de développement de la Cnuced.

Quels sont, selon vous, les freins institutionnels au développement des pays du Sud ?

On demande aux pays du Sud de grimper dans la prospérité sans les échelles qui ont servi aux pays riches. Pour se développer, ces derniers ont toujours utilisé une politique macroéconomique qui favorise l'investissement dans les capacités de production, et permet croissance et création d'emploi. Ils ont aussi le levier de la politique monétaire qui vise à la stabilité des prix et l'attraction des capitaux. Ils ont, enfin, des soutiens forts pour leur industrie, de la Chine aux Etats-Unis en passant par la France. Cette autonomie nécessaire, les pays pauvres l'ont de moins en moins.

Pourquoi ?

D'abord, parce que la croyance aux seules forces du marché a réduit les leviers politiques des Etats. Sous l'influence de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et d'un vent de dérégulation, le rôle de la puissance publique s'est rétréci. Les institutions financières internationales font leur repentance sur ces dogmes. Mais, en pratique, les conditions pour l'obtention de prêts ou d'aide «emballent» de plus en plus de secteurs étatiques (gouvernance, politique fiscale, commerciales).