«La femme à l'arrière a crié : "Je perds les eaux !" Ni une ni deux, j'ai garé l'ambulance sur le bas-côté. Elle avait ses contractions toutes les trente secondes. J'ai vu le col de l'utérus dilaté et je me suis dit : "C'est bon, celui-là, il est pour moi." J'ai coupé le cordon ombilical et on est repartis. La deuxième femme, je l'ai accouchée à domicile. On n'a même pas eu le temps de monter dans le véhicule. Deux accouchements dans une carrière d'ambulancier, c'est pas mal. Mais ce n'est pas le quotidien du métier. Notre boulot, c'est plutôt le transport classique. Des malades que l'on conduit à l'hôpital et que l'on ramène chez eux. Et avec qui l'on finit par sympathiser. Car, si le médecin ne les voit qu'une demi-heure tout au plus, nous, les ambulanciers, passons plusieurs heures par semaine avec eux.
Beaucoup de clients réguliers demandent le même chauffeur. Ils n'ont pas envie de raconter à chaque fois leur histoire. Surtout les cas lourds, type sida ou cancer en phase terminale, que l'on conduit à la chimio ou en consultation. Et là, souvent c'est dur. Quand le type ressort de l'hôpital et vous annonce qu'il a rechuté, vous devez faire la conversation avec lui tout le chemin du retour. Une fois arrivés, il faut parler avec la famille. Et puis, un jour, vous n'avez plus à le transporter parce qu'il est mort. Alors, si vous étiez vraiment proche, vous faites un dernier tour à vide... au cimetière.
Pour les jeunes qui débutent, c'est difficile. Beaucoup arrêtent très vite