Richard a 35 ans. Ouvrier dans une entreprise de fabrication de chips à Tournai en Belgique, il ne se sent pas à l'aise dans sa boîte. Elie a 33 ans, il est comptable chez un spécialiste du travail temporaire, mais il se sent freiné dans sa carrière. Tous deux sont bègues. Richard subit «des remarques» de ses collègues, et Elie a senti qu'on ne lui confierait pas davantage de responsabilités s'il ne parvient pas à mater son bégaiement : «De moi-même, j'ai pris des postes où il y a moins de contacts. Les mails, c'est génial, mais au téléphone ça coince.» Hassan, 14 ans, vient d'Algérie. Quand il s'exprime, il plaque son menton sur son torse et aspire ses lèvres. «Je suis bègue depuis dix ans et j'ai conscience qu'il est très dur d'être journaliste, banquier ou professeur quand on a ce problème.» Tous se sont inscrits au stage de Christian Boisard, un ancien bègue qui, pour avoir expérimenté le manque de prise en charge des bègues au niveau professionnel, a mis au point une méthode efficace, mélange d'exercices de relaxation, d'hypnose et de diction.
Les stages durent trois jours. «Je leur donne des outils pour leur permettre de faire face à chaque précarité de syllabes, explique Christian Boisard. Les bègues ont une boule d'angoisse en permanence. Toute la nervosité emmagasinée en eux doit disparaître.» Première épreuve : le passage devant la caméra, pour que le formateur réalise l'ampleur du bégaiement. Cette simple présentation permet déjà