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Libération

Terrains semés d'embauches

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Entretenir la pelouse, assurer la sécurité ou placer les supporters... Véritables entreprises, les stades recrutent sans peine. De l'étudiant au cadre, tous rêvent d'être en coulisse.
publié le 4 septembre 2006 à 23h09

Entrée du stade Jean-Bouin à Paris, soir de match, l'équipe résidente reçoit Clermont. Une fumée légère s'échappe. Mohammed a oublié une merguez sur son gril. Deux pieds triangulaires sur lesquels repose une caisse de tôle remplie de cubes de charbon cendrés. Rustique mais efficace. Mohammed est vendeur ambulant de sandwichs d'avant ou d'après-match. Tout dépend de l'heure du coup d'envoi. Sur sa soirée, il déclarera un peu plus de 150 euros, placés dans une poche parallèle. «Grâce à moi, les supporteurs sont comme à la maison, sauf qu'au lieu d'appeler Pizza 2000 ils viennent me voir. Je ne suis pas sur un vulgaire trottoir de ville, mais devant le stade d'une équipe championne de France. C'est quand même autre chose.»

Mohammed a une haute idée de sa fonction parce qu'il l'exerce aux portes d'une enceinte où se gagnent des titres. Vendeurs de brochettes, jardiniers, agents de sécurité ou chargés du nettoyage de vestiaires, cadres administratifs : des plus humbles aux plus décisionnels, une multitude de salariés font tourner la machine en espérant grappiller un peu de la gloire du stade. Même pour les boulots les plus ingrats, la main-d'oeuvre se bouscule au guichet. Pour passer deux soirées par mois dehors, en plein vent ou sous la pluie avec un K-way fluo sur les épaules, dos tourné à la pelouse, à regarder les spectateurs regardant le match. Assommant ping-pong, sauf pour les stadiers.

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