C'est sans enthousiasme, mais dans le calme et avec une belle unanimité que les actionnaires d'Alcatel ont voté, hier après-midi à Paris, en faveur de la fusion avec l'américain Lucent. Au même moment, les actionnaires du groupe américain, réunis à Wilmington (Delaware), faisaient de même mais dans une ambiance beaucoup plus mouvementée. Ne reste plus maintenant qu'à obtenir l'accord du Comité pour les investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS) avant de donner naissance à un leader mondial des infrastructures télécoms. Un groupe qui devrait être présidé par Serge Tchuruk, actuel PDG d'Alcatel, et dirigé par Patricia Russo, la PDG de Lucent.
Réserves. Réunis au Palais omnisports de Paris-Bercy, les petits actionnaires d'Alcatel ont eu tout leur temps pour exprimer leurs réserves sur la fusion. Premier reproche, la parité d'échange d'abord, fixée il y a plusieurs mois alors que les résultats de Lucent ont dégringolé depuis, en même temps que les cours de Bourse. «Il faut se garder d'extrapoler les résultats d'un trimestre pour calculer la valeur de Lucent», a relativisé Tchuruk. Autre inquiétude, les montants que Lucent a provisionnés pour payer la retraite et l'assurance maladie de ses salariés. «Les engagements de retraite de Lucent sont couverts par ses actifs, a expliqué Pascal Beaufret, le directeur financier d'Alcatel. Quant à l'assurance maladie, on pense qu'on dépensera moins que les engagements dans les comptes.» Les questions de gouvernance,