Montpellier de notre correspondant
Alors que le magasin Fabio Lucci d'Alès (Gard) est en grève depuis le 10 juillet (Libération du 10 août), le mouvement de colère des salariés de cette marque de vêtements discount s'étend à la France entière. Aujourd'hui, un appel à la grève a été lancé par la CGT dans les 135 supermarchés de l'enseigne. Mais il a très peu de chances de paralyser l'entreprise. «Si nous obtenons un débrayage dans au moins cinq magasins, ce sera une belle victoire», anticipe Olivier Bireaud, membre de la commission exécutive de la Fédération nationale CGT du commerce et des services. Entretien.
Pourquoi la mobilisation est-elle aussi faible chez les salariés des grandes surfaces ?
Dans les entreprises du commerce (boutiques, supérettes, grandes surfaces), le taux de syndicalisation n'a jamais dépassé 2 %. Nous sommes dans un domaine complètement différent de celui de l'industrie. Tout d'abord, parce que ces entreprises-là sont relativement jeunes ; Auchan, Carrefour, Fabio Lucci : aucune d'entre elles n'a plus de 30 ans. Il n'existe donc pas, chez les salariés, de tradition syndicale, issue de l'histoire des luttes, qui se transmettrait entre les générations. D'autre part, certains patrons ont pris soin de morceler juridiquement à l'extrême leur entreprise. Le meilleur exemple est Leclerc : chaque magasin est franchisé, et donc juridiquement indépendant. Aucune négociation n'est alors possible au niveau national. Tout mouvement de salariés ne peut