Luc Brunet (1) est psychologue du travail et des organisations, professeur à l'université de Montréal (Canada).Qu'est-ce qu'un groupe informel ou clan ?
C'est un groupe qui se constitue entre des employés sans que son existence ne soit prévue par la structure de l'organisation. Cette définition exclut donc les services, les départements, mais aussi les syndicats. Le groupe n'a pas de limites. Il peut être horizontal ou vertical, concerner quelques salariés au sein d'un service ou plusieurs salariés de services différents. S'il se constitue pour toutes sortes de raison, c'est le plus souvent sur une base affective et amicale.
Comment sont-ils perçus par la direction ?
Pendant longtemps, les employeurs ont cherché à contrer la formation de ces groupes, considérés comme hostiles à l'entreprise. On isolait les gens. On les empêchait de se parler, de se rencontrer. On limitait au maximum les espaces de socialisation. Mais, malgré tout, les salariés tissaient des liens entre eux. Cette approche du groupe informel hostile à l'organisation a changé dans les années 70. Une conception plus tolérante s'est développée depuis.
Au point même de chercher à favoriser leur création, par l'organisation de week-end d'intégration où l'on faisait sauter les gens à l'élastique...
L'objectif, à l'époque, était de créer un esprit d'équipe. Tous les employés, d'ailleurs, n'étaient pas concernés par ce sacrifice de fin de semaine. Mais les expériences se sont révélées peu