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Libération

Baskets contre boulettes

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publié le 18 septembre 2006 à 23h19

Victor, 28 ans, est contrôleur des douanes depuis deux ans.

«Je fais partie des méconnus de la douane. Je suis contrôleur sur le fret à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Je ne porte ni uniforme, ni arme, contrairement à mes collègues en contact avec le public. C'est un choix, l'uniforme me gave, et, de toute façon, je n'avais pas envie de me balader avec un flingue. La fonction a été un choix aussi. La douane est l'administration qui paie le mieux ses cadres intermédiaires, c'est aussi celle où la hiérarchie est la moins pesante. En revanche, l'aéroport de Roissy, c'est carrément glauque. Habiter à Tremblay-en-France, ce n'était pas vraiment le rêve de ma vie. Mais, lors de l'attribution des postes à la fin de ma formation à l'école de Rouen, comme j'étais jeune, célibataire et sans enfant, il ne fallait pas être trop gourmand. Mon travail est "simple", je contrôle les marchandises des entreprises de fret,je veille à ce qu'elles soient en conformité avec la législation, qu'elles respectent les normes européennes. Je vérifie aussi que les droits et les taxes sur les produits ont été correctement payés et déclarés. Il arrive qu'on me déclare une marchandise pour une autre, des poussettes à la place d'ordinateurs, ou qu'on falsifie la provenance ­ la Chine plutôt que la Corée pour éviter les droits antidumping. Quand j'ai un doute, je demande l'ouverture du colis, c'est ainsi que je suis tombé sur un paquet envoyé d'Europe centrale aux Etats-Unis, qui devait contenir du