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La Russie veut changer la règle du jeu du gaz

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Sous prétexte de défendre l'environnement, Moscou a suspendu la licence d'exploitation de Shell sur Sakhaline 2.
par Désirée BRARD
publié le 20 septembre 2006 à 23h21

Moscou intérim

C'est bien la première fois qu'on entend la Russie se préoccuper de son environnement. Mais c'est la meilleure idée que le Kremlin ait trouvée pour intimider un investisseur étranger gênant ses propres ambitions énergétiques. Shell exploite depuis 2003 sur le sol russe un gigantesque projet pétrolier de 20 milliards de dollars, Sakhaline 2, qui doit lui permettre d'être le premier à vendre du gaz naturel liquéfié (GNL) au Japon, à la Corée du Sud, aux Etats-Unis et à la Chine.

«Faille». Un programme juteux auquel aucune compagnie russe ne participe pour l'instant, au grand dam du Kremlin. C'est donc le ministère des Ressources naturelles qui s'est chargé de trouver une «faille» dans le projet du consortium Sakhaline Energy, détenu à 55 % par Shell, à 25 % par Mitsui et à 20 % par Mitsubishi. Officiellement, le consortium n'aurait pas fourni les documents prouvant le respect des normes environnementales. Le parquet a donc révoqué provisoirement, lundi, sa licence d'exploitation, obligeant à arrêter les travaux alors que 80 % de l'infrastructure est en place et que des contrats de vente ont été signés, notamment avec des compagnies japonaises. Selon une source proche du consortium citée par le quotidien Kommersant, si Shell ne respecte pas les délais de livraison, il devra des «centaines de millions de dollars» de pénalités de retard.

Si réels soient-ils, les problèmes environnementaux ont bon dos. Le Kremlin voit d'un mauvais oeil les grands p