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Libération
Interview

«On devait devenir spécialistes des lapins de Pâques»

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publié le 21 septembre 2006 à 23h22

Strasbourg de notre correspondant

Déjà durement touchée par les réductions d'effectifs dans le secteur automobile, l'Alsace encaisse un nouveau coup dans le secteur agroalimentaire. Le groupe Kraft Foods prévoit de supprimer 123 postes sur 380 dans son usine de chocolat Suchard, en plein coeur de Strasbourg. Le site ne serait plus assez compétitif. Au nom de l'intersyndicale CFTC-CFDT-CGT-FO-CFE-CGC, Luigi Munforte (secrétaire CFDT du CE) et Jean-Jacques Boehrer (délégué central CFTC) racontent d'un commun accord les maigres moyens dont disposent les syndicats pour s'opposer à la logique de «profitabilité» d'une multinationale.

En 2003, Kraft Foods a transféré une partie de la production en Allemagne. N'était-ce pas l'annonce des licenciements actuels ?

Pas vraiment. Le projet tel qu'ils nous le présentaient, ça tenait la route. On faisait 24 000 tonnes, ils ont supprimé 12 000 tonnes de tablettes de chocolat qui sont parties en Allemagne et en échange, ils devaient rapatrier 1 500 tonnes ici. Nous, on devait devenir spécialistes des corps creux, pères Noël et lapins de Pâques, qui sont des produits à plus forte valeur ajoutée. Les personnes qui travaillaient sur les tablettes ont été redispatchées dans les autres ateliers et il y a eu un accord CATS (cessation d'activité des travailleurs salariés, pour les plus de 55 ans exposés à des postes pénibles) qui a permis le départ de 30 personnes. C'était juste une réorganisation du travail au niveau du groupe.

Qu'est-ce qui a mal tou