De l'urine de nonne ménopausée à l'OPA internationale : la prise de contrôle hier du n°1 européen des biotechnologies Serono par l'allemand Merck illustre l'infinie tristesse du capitalisme moderne. Les deux firmes se félicitaient hier «d'une combinaison stratégiquement irrésistible avec la taille suffisante pour affronter la compétition sur le marché pharmaceutique global». Merck, plutôt spécialisé dans la pharma chimique classique se paie ainsi des compétences en biotechnologies et génie génétique dont elle manquait.
Un deal bien moins glamour que l'un des premiers succès de Serono, dans les années 40 à 50 : un traitement contre l'infertilité fondé sur une hormone présente dans l'urine des femmes ménauposées. La banque vaticane, alors copropriétaire avisée de l'entreprise, avait mis à disposition la matière première des couvents, abondante et gratuite. Un demi-siècle plus tard, Serono est dirigée par Ernesto Bertarelli, petit-fils du directeur de l'époque. Et la famille Bertarelli possède 64,5 % du capital de la firme, parts revendues à Merck hier pour un total de 6,3 milliards d'euros. De quoi financer la passion d'Ernesto pour le bateau, hobby qui l'a conduit à financer (et à intégrer lui-même) l'équipe suisse victorieuse de l'America's cup en 2003.
Si l'affaire est bonne pour les Bertarelli, la firme elle-même, malgré 370 millions de profits au premier semestre 2006, n'est pas en superforme. La moitié de son chiffre d'affaires repose sur un seul médicament, le Rebi