«On dit plutôt "technicien de maintenance sur les stations locales de pompage et bassins de rétention". Pour moi, les égouts, c'est une histoire de famille. Avant d'y descendre pour la première fois, il y a treize ans, j'écoutais ma tante me parler de mon grand-père. Son boulot ressemblait à du Zola. Il poussait toute la journée des brouettes de sable pour remplir des péniches... Aujourd'hui, nos missions sont, en grande partie, automatisées et le réseau est sous surveillance électronique. Ce qui n'empêche pas les gens de fantasmer sur la vie en sous-sol. Quand je me présente et que je parle de mon métier, on me demande si je croise des alligators ou des poissons mutants. Les enfants s'inquiètent de savoir si j'ai rencontré l'une des Tortues Ninjas qu'ils ont vus descendre dans les égouts, la veille à la télé. Tout cela relève de la légende, même si nous avons parfois des visiteurs étonnants : une salamandre dont j'ignore totalement la provenance, une tortue peut-être sortie d'un aquarium. Nous les récupérons pour les réintroduire en milieu naturel. Nous croisons aussi quelques rats, naturellement. Mais des petits, presque inoffensifs. De toute façon, nous sommes vaccinés d'office !
«Non, le vrai danger provient des produits que les gens balourdent dans leurs toilettes. On retrouve de la peinture, des solvants, des hydrocarbures... Toutes sortes de saloperies qui peuvent produire des gaz toxiques. Sans oublier ce fichu H2S, une émanation d'eaux stagnantes qui a coûté la vie à