Toulouse de notre correspondant
Il y a trente ans, les cégétistes, alors majoritaires à l'Aérospatiale, manifestaient dans les rues de Toulouse chaque 1er Mai avec, perchée sur le toit d'une 4L, une maquette du Concorde baptisé «l'avion de la CGT». Les temps syndicaux ont bien changé. Notamment parce que n'importe lequel des appareils d'Airbus serait plutôt, aujourd'hui, l'avion de Force ouvrière : avec près de 3 000 cartes pour FO, 2 000 pour la CGC et 800 pour la CFTC, ces syndicats dits «de l'entente» laissent loin derrière la CGT et la CFDT, avec une centaine de cartes chacune.
Mais si une chose ne change pas chez Airbus, c'est le phénomène d'identification aux produits maison. Alors qu'au début du mois l'avionneur a annoncé un troisième retard de livraison pour l'A380 et un plan de réduction des coûts de 5 milliards d'euros jusqu'en 2010, les syndicats peinent sur la stratégie à adopter face aux difficultés actuelles.
C'est que, comme dans de nombreuses multinationales, le jeu syndical s'est beaucoup complexifié. «Nous avons à considérer la nouvelle dimension mondiale d'Airbus», explique Pierre-Henri Coat. Quand ce délégué central de la CFDT parle de «défendre l'emploi» et de «préserver le périmètre de l'ensemble des sites en France et en Europe», il sait qu'il n'a pas seulement des patrons en face de lui mais avant tout des chefs d'Etat. Défendre la classe ouvrière est aussi, chez Airbus, affaire de diplomatie. «Si je laisse filer un quelcon