New Delhi de notre correspondant
Cinq suicides de paysans par jour. Depuis quelques mois, l'hécatombe se focalise dans le nord du Maharashtra, paradoxalement l'Etat le plus riche du pays. Plus d'un millier de cultivateurs de coton ont ainsi mis fin à leurs jours depuis le début de l'année, laissant derrière eux autant de familles désemparées. Chaque fois, le scénario est identique : une mauvaise récolte, ou une chute des cours, empêche de rembourser l'emprunt contracté en début de saison ; d'où l'obligation d'en contracter un deuxième, voire un troisième, auprès d'un usurier pratiquant des taux d'intérêt exorbitants. Avec, en bout de course, l'insolvabilité, même si les prêts ne représentent que quelques centaines d'euros. Dans cette région du centre de l'Inde, la crise est aussi en grande partie due à une spécificité locale : l'annulation, il y a deux ans, d'un programme régional par lequel l'Etat s'engageait à acheter l'intégralité de la production cotonnière à prix fixe. Désormais, les prix sont fonction du marché. Or le coton américain subventionné qui arrive en Inde est jusqu'à 40 % moins cher que celui produit localement.
Si l'économie indienne est en pleine croissance (entre 8 % et 8,5 % attendus en 2006-2007), le secteur agricole traverse, lui, une crise inégalée, poussant des milliers de petits paysans à se suicider. Confronté à cet inquiétant phénomène de masse, le gouvernement a annoncé, la semaine dernière, un ambitieux plan d'aide destiné à enrayer cette tendance,