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Libération

«J'ai envie de porter plainte, mais je vais perdre ma place»

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publié le 20 octobre 2006 à 23h45

Montbéliard envoyé spécial

Hier matin, sur le parking de l'hypermarché Leclerc de Montbéliard (Doubs), la CGT distribuait des tracts aux quelque 280 salariés de la grande surface, et incitait les «employés séquestrés» à agir en justice pour défendre leurs droits. Car depuis que la grande surface a été placée sous les feux médiatiques en raison des pratiques pour le moins iconoclastes de sa direction, rien ne bouge.

Rappel des faits : le 30 juin au soir, l'hyper est en plein inventaire. La Direction départementale du travail (DDT) se présente pour un contrôle. Depuis plusieurs mois, elle enquête sur des heures supplémentaires non rémunérées. Aux côtés des inspecteurs du travail, il y a des agents de l'Urssaf et quatre policiers. «La DDT pensait que les salariés en heures sup non déclarées risquaient de prendre la fuite par des issues dérobées. Visiblement, c'est l'inverse qui s'est passé...», commente le procureur de la République de Montbéliard, François Pucheus. A l'intérieur, des cadres rassemblent précipitamment plusieurs dizaines de salariés dont la présence pose problème au regard du code du travail. On les conduit en silence à la réserve textile, on leur interdit de téléphoner, on ferme la porte à clef. Le but est qu'ils ne croisent pas la route des inspecteurs. «On n'a pas eu d'explications, on se demandait pourquoi on était là, témoigne l'un de ces salariés. On était dans cette réserve comme des travailleurs clandestins, ça a duré trois quarts d'heure,