Imaginons des éditeurs de livres tellement paranos vis-à-vis des photocopies qu'ils ne produiraient que des opus sur papier plastique infalsifiable, avec un gros verrou à clef sur la couverture. Les libraires, encombrés par ces volumes lourds boudés par les clients, demanderaient vite des comptes à ces éditeurs suicidaires. Dans le secteur de la musique en ligne, la révolte des disquaires démarre. Lassés de se voir imposer des chansons verrouillées par des Digital Rights Management (DRM) par les producteurs terrorisés par la piraterie, plusieurs d'entre eux mènent la charge contre ces mécanismes pénalisant pour le consommateur et accusés de plomber un marché balbutiant.
«Un frein énorme». VirginMega a annoncé cette semaine vouloir «l'ouverture d'un débat sur le téléchargement payant sans DRM», explique le boss de Virgin, Jean-Noël Reinhardt. Et la Fnac a embrayé hier avec la promesse de vendre dès ce week-end deux chansons sans DRM du label Believe sur FnacMusic, avant de suivre avec d'autres maisons de disque. Pour le client, le prix est le même (0,99 euro), avec les contraintes pénibles en moins : les chansons seront vendues au format standard MP3, copiables à volonté et surtout lisibles sur tout type de lecteur ou baladeur numérique. Avec les DRM, rien de tel : ces technologies ne sont pas «interopérables», autrement dit, on ne peut lire les oeuvres protégées sur tout type de lecteur. «Les DRM sont un frein énorme au développement du marché de la musique en ligne