Thé darjeeling, nuoc mam du Vietnam et café harar d'Ethiopie : un nombre croissant de pays du Sud cherchent à protéger leurs spécialités en contrôlant l'usage de leur nom sur les marchés mondiaux. «C'est un moyen d'améliorer les revenus des producteurs», explique Delphine Marie-Vivien, chercheuse au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), qui planche sur le sujet en Inde.
Indications géographiques. Pour les pays en développement, l'objectif est d'éviter que des entreprises du Nord utilisent le prestige attaché à certains de leurs produits, tout en payant chichement les producteurs locaux. Le mode de protection utilisé est une forme particulière de propriété intellectuelle, cousine des appellations d'origine contrôlées à la française : les «indications géographiques», qui attachent juridiquement une dénomination à un terroir et un savoir-faire particulier. «C'est le seul droit de propriété intellectuelle utile pour les sociétés rurales des pays du Sud», remarque Delphine Marie-Vivien. Les formes plus classiques de propriété intellectuelle, tels les brevets sur les inventions ou le copyright pour les oeuvres, servent surtout aux entreprises des pays développés pour s'ouvrir de nouveaux marchés en évitant la piraterie. Et, dans les pays du Sud, elles bénéficient aux plus riches des habitants, seuls à disposer de technologies à breveter ou d'oeuvres à protéger.
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