«Celui qui m'aurait dit que j'allais rentrer dans un cimetière... Quand l'opportunité s'est offerte à moi, fin 1991, je cherchais du travail depuis un bout de temps. Alors, j'ai accepté ce job comme une passerelle pour trouver un autre poste en interne, un peu plus tard. J'ai essayé de l'aborder sans a priori négatif. Et puis l'idée d'être utile aux gens qui en ont besoin me séduisait. J'ai suivi le travail des anciens avec intérêt. Ils m'ont formé à l'accompagnement des convois, au suivi des travaux de marbrerie, au renouvellement des concessions... J'ai même participé à un jeu de rôle pour comprendre les tâches de chacun. Puis, il y a eu cette première exhumation d'un corps fraîchement enterré. Je revois ses cheveux, sa carrure impressionnante de maigreur, le tout enveloppé d'une odeur entêtante. J'ai tenu le coup. D'autres, par la suite, s'en sont moins bien tiré : je me rappelle des aspirants fossoyeurs tournant de l'oeil et abandonnant le poste dans la foulée.
Lorsque je sortais en soirée, je n'hésitais pas à dire ce que je faisais dans la vie. Mais le regard des gens m'a conduit à modifier un peu les choses. Depuis lors, je dis que je bosse à l'état civil, sans plus de précisions.
On ne peut faire ce boulot qu'en ayant une vraie passion pour le service public. Quand les gens arrivent dans mon bureau, ils sont souvent paumés. Charge à moi de faciliter leurs démarches, de veiller à ce que les travaux de marbrerie soient effectués dans les règles, qu'ils correspondent à leu