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Harmoniser les salaires européens

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Dans l'UE, les rémunérations minimales, quand elles existent, varient de 1 à 12. Une mise à niveau basée sur le revenu médian dans chaque Etat réduirait les inégalités.
par Vittorio de FILIPPIS
publié le 6 novembre 2006 à 7h00

A quand un salaire minimum européen ? Socle social minimal incontournable pour les uns, élément de rigidité salariale freinant les créations d'emplois pour les autres, il a toujours donné lieu à des débats passionnés et reste l'un des symboles du clivage droite-gauche.

Mais les positions s'infléchissent. Même la très libérale Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a introduit des nuances dans ses propos (rapport de juin 1998 sur les Perspectives de l'emploi). Il ne s'agit pas, comme feignent de l'entendre les gardiens de l'orthodoxie libérale, d'appliquer un seul et même plancher de salaire à l'ensemble des vingt-cinq pays de l'UE.

Mais d'instaurer un salaire minimum européen qui serait calculé dans chaque Etat membre en fonction du revenu médian (le revenu médian est le revenu qui partage exactement en deux la population : la moitié de la population dispose d'un revenu plus élevé que le revenu médian, l'autre moitié d'un revenu moins élevé). «Un tel système renverserait la logique de construction de l'UE, marquée par le sceau du néolibéralisme», estime Michel Husson, économiste à l'Institut de recherches économiques et sociales. L'urgence est criante : près de 15 % de la population de l'UE est menacée par la pauvreté, c'est-à-dire vit dans un ménage dont le revenu est inférieur de plus de 50 % au revenu médian du pays. Avec un taux de chômage qui frôle les 20 %, les dix nouveaux membres ont une situation encore plus