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L'actionnariat salarié à l'attaque chez Thales

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Ce système a permis d'éviter le dépeçage de l'entreprise par EADS ou Alcatel.
par Nicolas CORI
publié le 6 novembre 2006 à 7h00

En France, Thales est la vitrine de l'actionnariat salarié. L'entreprise est même citée en exemple par ceux qui, comme Jean-Christophe Le Duigou, l'économiste de la CGT, sont réticents vis-à-vis du mélange capital et travail. Au sein de cette société d'électronique de défense (ex-Thomson-CSF), les salariés actionnaires ont réussi à faire entendre leur voix. C'est en partie grâce à eux si la société existe toujours aujourd'hui.

«Nous avons créé notre association apolitique et asyndicale par opposition à un projet de démantèlement du groupe», explique ainsi Philippe Lépinay, président de l'Association du personnel actionnaire de Thales (Apat). Au milieu des années 90, alors que la droite cherche à privatiser Thomson, plusieurs entreprises font connaître leur appétit pour la filiale Thomson-CSF : Alcatel-Alsthom, Dassault et Aérospatiale-Matra. La première solution adoptée prévoit une vente de gré à gré à un de ces prétendants.

Mais les cadres du groupe se mobilisent alors contre la «cannibalisation». Ils montent une association, en ambitionnant d'investir 1 milliard de francs (150 millions d'euros) dans leur entreprise. En 1998, ils sont partiellement entendus. La privatisation menée par la gauche, revenue au pouvoir entre-temps, maintient le groupe en l'état tout en faisant entrer Alcatel et Dassault au capital. Et, surtout, le gouvernement Jospin choisit Denis Ranque comme PDG, un cadre dirigeant de l'entreprise. Depuis, Ranque a tout fait pou