L'Assistance publique de Paris est le plus grand hôpital du monde, avec quarante établissements. Elle fut longtemps considérée comme un lieu irréformable entre les réseaux de pouvoir et la pesanteur des 150 professions qui la composent. Mais, avec l'explosion des coûts et de la demande, une réforme s'est imposée. Elle est en cours. Pour la première fois, a même été tentée une gestion des ressources humaines sur le mode du privé, lancée par une ancienne directrice des ressources humaines de Danone, Rose-Marie Van Lerberghe (59 ans). Nommée en 2002 à la direction générale de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), cette agrégée de philosophie et énarque vient d'en partir. Ses réponses à notre interview ont été confrontées à trois autres bons connaisseurs de l'hôpital : François Aubart, chef du service d'orthopédie de l'hôpital d'Eaubonne (Val-d'Oise), président de la Coordination médicale hospitalière ; Marie-Christine Fararik, manipulatrice radio, secrétaire générale de SUD santé à l'AP-HP, et Claire Compagnon, ancienne responsable de la Ligue contre le cancer, aujourd'hui membre du conseil d'administration de l'hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP), au titre des usagers.
Quand vous arrivez à l'AP-HP, qu'est-ce qui vous frappe ?
Je ne connaissais pas vraiment le monde de la santé. J'ai décidé alors de faire le tour des hôpitaux et de rencontrer les personnels. J'y ai été frappée par le sentiment de découragement. Tout le monde disait : «Nous n'avons pas assez de moy